La région occupée aujourd’hui par notre municipalité se trouvait, il y a plusieurs milliers d’années, submergée par les eaux de la mer Champlain, nom donné à un prolongement du golfe Saint-Laurent qui, à une époque postglaciaire, couvrit la présente vallée du Saint-Laurent, jusqu’à l’entrée des Grands Lacs. Les eaux de cette mer se retirèrent peu à peu et il ne restera plus, pour ainsi dire, que du sable sur le territoire de Saint-Lazare.
Au cours des siècles, la végétation recouvrit graduellement le sable et, au 19e siècle, on trouvait de nombreuses espèces d’arbres (pins blancs, pins rouges, pruches du Canada, bouleaux jaunes et érables à sucre) sur le sol de notre région.
Vers 1850, les frères Gillies obtiennent des droits d’exploitation forestière dans la région; ils bâtissent une scierie et abattent de nombreux arbres. À cause de ce déboisement et du défrichement des terres environnantes, il n’y a plus suffisamment d’arbres pour arrêter l’érosion du sol; en conséquence, de grandes quantités de sable sont charriées chaque printemps par l’eau et la fonte des neiges.
En 1928, les députés de Soulanges et de Vaudreuil rencontrent le ministre des Terres et Forêts et discutent avec lui des moyens à prendre pour corriger la situation. Un projet de reboisement des dunes situées à l’extrémité sud-ouest de la paroisse est alors mis de l’avant.
En 1929, les députés de Soulanges et de Vaudreuil accompagnent un employé du gouvernement sur les lieux, afin de délimiter les terrains devant servir de site à la future plantation. Ce projet de reboisement, autorisé et financé par le gouvernement du Québec était, en raison de son ampleur, unique en son genre au Québec. La même année, un arrêté du conseil municipal autorise à « acquérir de gré à gré ou par voie d’expropriation, de tous les propriétaires, les terrains ou parties de terrains nécessaires pour faire le reboisement… » Au cours de l’été, l’achat des terrains est complété et les travaux débutent à l’automne de la même année.
Au printemps de 1930, on plante 20 000 plants de pins mugho, d’épinettes blanches et d’épinettes noires. Plus tard, on plantera du pin rouge, conifère qui est le mieux adapté au terrain sablonneux de Saint-Lazare.
Ce reboisement mit fin à l’érosion du sol et protégea les terres qui devinrent cultivables. Les hommes ne furent plus obligés de peiner chaque printemps pour enlever à la pelle le sable qui bloquait les fossés et qui, par grands vents, s’accumulait sur les routes, les rendant impraticables.